Coming Out : la Hongrie aussi a sa « cage aux folles »

Deux mois après la sortie dans les salles hongroises de La vie d’Adèle, c’est au tour de Dénes Orosz de porter à l’écran sa vision de l’homosexualité. Une comédie bouffonne au sujet d’un homosexuel qui devient hétéro après avoir pris un coup sur la tête. Tour d’horizon des bonnes raisons d’aller le voir quand même (ou pas).

Après Melletted (2005) et Poligamy (2009), déjà tournés avec ses acteurs fétiches, il était inutile de s’attendre à un film d’une grande finesse de la part de Dénes Orosz. La presse hongroise a d’ailleurs déjà largement critiqué le film, qui brosse un portrait très caricatural des homosexuels : maniérés, maniaques, toujours habillés de rose et d’imprimés fleuris.

Erik (Sándor Csányi), un célèbre animateur de radio très engagé en faveur de la cause homosexuelle, se retrouve soudainement attiré par les femmes, suite à un accident. Entre son conjoint tout à coup délaissé, Linda, la belle doctoresse qui le soigne (Katya Tompos) et ses engagements professionnels, sa vie va subitement devenir très compliquée.

Face à l’avalanche de critiques suscitée par un synopsis aberrant, le réalisateur, dans une interview pour Origo.hu, s’est défendu d’avoir voulu montrer qu’avec un bon coup sur la tête, on pouvait guérir l’homosexualité. Pour lui, c’est avant tout le thème de la différence qui est central dans son travail et dans sa vie, qu’il s’agisse d’orientations sexuelles ou non.

Mais tout n’est pas à jeter dans cette comédie balourde, et il faut rappeler que c’est l’un des premiers films hongrois abordant le sujet de l’homosexualité de façon aussi franche, bien que d’autres réalisateurs comme Anna Faur (Lányok), Károly Esztergályos (Férfiak, 2006) ou Krisztina Goda (Kaméleon, 2008) aient déjà mis en scène des personnages homosexuels. Le film affiche clairement son ambition : soutenir la cause homosexuelle en Hongrie, en proposant une comédie grand public, et pas trop choquante.

Sándor Csányi, le célèbre acteur de Kontroll (2003) précise que le film ne comporte volontairement pas de scènes de baiser entre hommes : « Nous voulions faire une comédie amusante, que même des mecs hétéros pourraient voir, donc c’était mieux qu’il n’y ait pas de garçons qui s’embrassent […] C’est un sujet sensible aujourd’hui, et nous aurions pu perdre un grand nombre de spectateurs ».

Malgré 96 minutes de burlesque lourdingue, on saluera donc Dénes Orosz de s’être emparé du sujet, même sans élégance, pour plaider la cause homosexuelle, sans en avoir l’air.

Marion Decome